Sécurité de chantier de construction
Sécurité

Sécurité des chantiers de construction : directives européennes et formation spécifique au site

La construction est l’un des secteurs les plus dangereux de l’UE. La sécurité des chantiers de construction est un système conçu pour prévenir les accidents, assurer la conformité légale et protéger chaque travailleur afin qu’il rentre chez lui en toute sécurité. Deux piliers essentiels soutiennent ce système : la directive-cadre européenne 89/391/CEE et la directive 89/656/CEE sur l’utilisation des EPI, complétées dans la pratique par une formation spécifique au site.

Directive-cadre européenne 89/391/CEE

Directive du Conseil du 12 juin 1989 concernant la mise en œuvre de mesures visant à promouvoir l’amélioration de la sécurité et de la santé des travailleurs au travail. Cette directive concerne la prévention des risques et les systèmes de travail sûrs avant même que les EPI n’entrent en jeu.

C’est la « directive maîtresse », appelée loi-cadre, qui établit les principes généraux de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs dans tous les secteurs. Elle ne liste pas chaque danger spécifique ou chaque EPI ; elle crée plutôt un système où :

  • Les employeurs doivent identifier les dangers (évaluation des risques).
  • Les employeurs doivent éliminer ou réduire les risques à la source avant de recourir aux EPI.
  • Les travailleurs doivent être informés et formés sur les risques et les mesures de protection.
  • La culture préventive est privilégiée par rapport à la gestion réactive des accidents.

Principes clés :

  • Hiérarchie des contrôles :
    1. Éviter totalement le risque (par ex., utiliser une méthode plus sûre).
    2. S’attaquer aux risques à la source (par ex., protéger les machines).
    3. Adapter le travail à l’individu (par ex., ergonomie).
    4. Utiliser la protection collective avant la protection individuelle.
    5. Fournir des EPI uniquement en dernier recours.
  • Implication des travailleurs : Les travailleurs ont le droit d’être consultés sur les questions de sécurité et de refuser un travail dangereux.
  • Responsabilité de l’employeur : La sécurité ne peut pas être entièrement déléguée aux travailleurs ; c’est le devoir légal de l’employeur de fournir un lieu de travail sûr.

C’est la base légale qui oblige un chef de chantier à d’abord essayer d’empêcher la chute d’une brique (filets, garde-corps) avant de simplement dire aux travailleurs « portez un casque ».

Exemples d’applications :

  • Évaluation des risques avant de démarrer un projet
    • Avant de construire un échafaudage à plusieurs étages, le chef de chantier doit analyser les risques d’effondrement, la capacité de charge, l’impact météorologique et les besoins en protection contre les chutes.
    • Résultat : Les garde-corps et les plinthes sont installés avant que le premier travailleur ne monte.
  • Éviter les risques plutôt que simplement s’en protéger
    • Au lieu de faire couper le béton avec des meuleuses portatives (poussière + bruit), l’entrepreneur utilise une scie fixe avec suppression d’eau intégrée et un système d’extraction.
    • Résultat : Moins d’exposition à la silice, moins de dépendance aux EPI.
  • Implication des travailleurs
    • Lors d’un briefing de sécurité sur le site, les travailleurs signalent qu’une zone de livraison est trop proche du passage piéton.
    • Résultat : La zone de livraison est déplacée et des barrières sont installées, réduisant les risques de collision.

Directive 89/656/CEE sur l’utilisation des EPI

Directive du Conseil du 30 novembre 1989 concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé pour l’utilisation par les travailleurs d’équipements de protection individuelle au travail. Celle-ci intervient lorsque les risques ne peuvent pas être éliminés et que les EPI constituent la dernière ligne de défense. Les EPI désignent tout équipement ou vêtement conçu pour protéger un travailleur d’un ou plusieurs risques pour la santé et la sécurité, porté ou tenu par le travailleur, et fourni gratuitement par l’employeur.

Alors que la directive-cadre dit « protéger les travailleurs », celle-ci précise comment les EPI doivent être sélectionnés, fournis et utilisés.

Règles principales :

  • Obligations de l’employeur :
    • Fournir les EPI gratuitement.
    • S’assurer que les EPI sont appropriés pour le risque et conformes au marquage CE selon le règlement EPI (UE) 2016/425.
    • Entretenir, nettoyer, réparer ou remplacer les EPI selon les besoins.
    • Fournir une formation sur l’utilisation correcte, les limites et le stockage.
  • Sélection basée sur les risques : Les EPI doivent correspondre au danger exact (par ex., vêtements haute visibilité pour la circulation, gants anti-coupures pour le travail de l’acier).
  • Usage exclusif : Les EPI sont généralement à usage personnel uniquement, pas de casques « communautaires » sauf s’ils sont correctement désinfectés.
  • Confort et ajustement : Les EPI doivent être adaptés à l’utilisateur et ne pas créer de risques supplémentaires (par ex., gants trop amples près des machines rotatives).

C’est pourquoi on ne vous donne pas « n’importe quelles bottes », mais des bottes conformes à la norme EN ISO 20345 S3 s’il y a un risque de perforation, ou un casque conforme à la norme EN 397 s’il y a un risque de chute d’objets. Cela explique aussi pourquoi un contremaître ne peut pas simplement vous dire « achetez les vôtres », c’est l’obligation légale de l’employeur de les fournir.

Exemples dans la construction :

  • Casques → protègent la tête contre les chutes d’objets.
  • Gilets haute visibilité → rendent les travailleurs visibles pour les opérateurs de machines et les conducteurs.
  • Chaussures de sécurité → préviennent les blessures aux pieds dues aux écrasements ou aux objets pointus.
  • Gants → protègent contre les coupures, les abrasions, la chaleur ou les produits chimiques.
  • Lunettes ou écrans faciaux → protègent les yeux contre la poussière, les débris, les étincelles.
  • Respirateurs ou masques → protègent les poumons contre la poussière, les fumées, les fibres d’amiante.
  • Harnais → protègent contre les chutes en hauteur.

Gilets réfléchissants (vêtements haute visibilité)

Objectif : Rendre les travailleurs visibles pour les opérateurs de véhicules, les machines et les autres travailleurs — particulièrement en faible luminosité, près de la circulation ou dans des conditions poussiéreuses.

Conception : Doit répondre aux normes EN ISO 20471, qui spécifient la luminosité, les propriétés rétroréfléchissantes et la couverture.

Couleurs : Le jaune, l’orange ou le rouge fluorescent sont les plus courants car ils se démarquent dans la plupart des conditions météorologiques et de chantier.

  • Jaune-vert fluorescent :
    • Le plus commun et efficace à la lumière du jour et en conditions de faible luminosité.
    • Hautement visible contre la plupart des arrière-plans naturels (arbres, sol, béton).
    • Largement utilisé sur les chantiers de construction, les travaux routiers et le contrôle de la circulation.
  • Orange fluorescent (Rouge-orange fluorescent) :
    • Meilleur pour les zones urbaines ou les environnements avec beaucoup de vert ou de jaune (comme les forêts ou les zones herbeuses).
    • Souvent utilisé dans les zones de travaux routiers ou d’opérations de machinerie lourde.
    • Se démarque bien contre les ciels bleus et la plupart des matériaux de construction.
  • Rouge fluorescent :
    • Moins courant mais utilisé dans certains cas spécifiques où l’orange ou le jaune-vert pourraient se confondre.
  • Nécessité toute l’année : Même en été, la lumière vive du soleil peut créer des reflets et un « camouflage » visuel contre les matériaux d’arrière-plan ; la haute visibilité traverse cela.

Casques (Casques de protection)

Objectif : Protéger contre les chutes d’objets, les chocs à la tête et même les dangers électriques si correctement certifiés.

Normes : EN 397 (casques de sécurité industriels) et EN 50365 (isolation électrique).

Durée de vie : Généralement 3 à 5 ans à partir de la fabrication, plus courte si exposé aux UV et aux produits chimiques.

Pourquoi toujours requis : De nombreuses blessures à la tête surviennent non pas d’accidents dramatiques mais de poutres basses, de crochets de grue en mouvement ou d’outils à main tombés.

En savoir plus sur les casques spécifiquement ici : https://remato.com/blog/construction-hard-hat-color-meaning/

Formations d’accueil numériques pour une sécurité cohérente sur les chantiers

Les chantiers de construction s’appuient de plus en plus sur des solutions numériques pour maintenir des normes de sécurité cohérentes. Des plateformes comme Remato Site Induction permettent aux travailleurs et aux visiteurs de suivre des briefings de sécurité spécifiques au site avant d’y entrer. Ces formations d’accueil fournissent des conseils détaillés sur les dangers, les exigences en matière d’EPI, les procédures d’urgence et les règles du site. Par conséquent, chaque travailleur a accès aux mêmes informations, et les enregistrements sont stockés de manière centralisée pour examen ou audits. De plus, l’accueil numérique réduit les délais administratifs et aide les superviseurs à surveiller efficacement la conformité.

Accueil numérique de chantier de construction

Gestion des risques et culture de la sécurité

1. Effectuer des évaluations des risques spécifiques au site avant le début des travaux

Chaque chantier de construction est unique. Les évaluations des risques impliquent l’identification de tous les dangers potentiels, des dangers physiques comme l’effondrement d’échafaudages et la chute d’outils, à l’exposition aux produits chimiques, au bruit ou aux dangers électriques. Ces évaluations doivent être documentées et mises à jour chaque fois que les conditions du site changent, comme l’arrivée de nouvelles machines, les changements météorologiques ou l’introduction de sous-traitants. Une évaluation des risques bien menée guide toutes les autres mesures de sécurité sur le site.

2. Mettre en œuvre des systèmes de travail sûrs, y compris l’échafaudage, la prévention des chutes et la protection des machines

Les systèmes de travail sûrs sont des processus structurés qui rendent les tâches de sécurité sur les chantiers plus sûres par conception. Par exemple :

  • Échafaudage : Doit répondre aux normes européennes (EN 12811) et être régulièrement inspecté ; garde-corps, plinthes et plateformes sécurisées réduisent le risque de chute.
  • Prévention des chutes : Utilisation de harnais, de lignes de vie et de points d’ancrage lorsque les garde-corps ne sont pas possibles.
  • Protection des machines : Les pièces mobiles des grues, meuleuses ou scies doivent avoir des protections, des mécanismes d’arrêt d’urgence et des procédures d’utilisation claires pour prévenir les blessures.

3. Planifier des réunions de sécurité régulières pour renforcer la sensibilisation

Les causeries de sécurité ou les courtes réunions de sécurité sur site maintiennent la sécurité à l’esprit. Ces réunions peuvent mettre en évidence de nouveaux risques, rappeler aux travailleurs les procédures appropriées, discuter des quasi-accidents et renforcer l’utilisation correcte des EPI. Une communication régulière construit une culture de sécurité proactive où chacun est vigilant et responsable.

4. Maintenir une signalisation claire et des barrières physiques autour des dangers

Les panneaux doivent clairement indiquer les zones de danger, les EPI obligatoires et les procédures d’urgence. Les barrières physiques comme les garde-corps, les clôtures et les zones restreintes empêchent l’accès non autorisé aux zones à haut risque, protégeant à la fois les travailleurs et les visiteurs.

5. Signaler et enquêter sur tous les incidents pour prévenir leur récurrence

Chaque accident, quasi-accident ou condition dangereuse doit être documenté et faire l’objet d’une enquête. Comprendre la cause profonde aide à mettre en œuvre des mesures correctives, à mettre à jour les procédures de travail et à prévenir des incidents similaires. La documentation est également essentielle pour la conformité réglementaire et les audits.

6. Fournir une formation continue et une vérification des compétences, en particulier pour les tâches à haut risque

Les travailleurs doivent être formés non seulement à l’embauche mais continuellement tout au long du projet. Les tâches à haut risque comme l’opération de grue, le soudage, le travail en hauteur ou l’utilisation de machines lourdes nécessitent une formation certifiée et une vérification périodique des compétences. La formation continue garantit que les procédures de sécurité sont comprises et suivies de manière cohérente.

7. S’assurer que les procédures d’urgence, les voies d’évacuation et les premiers secours sont clairement définis et répétés

Tous les sites doivent avoir des procédures d’urgence claires et visibles. Les voies d’évacuation doivent être dégagées et connues de tout le personnel. Des exercices réguliers et une formation aux premiers secours garantissent que les travailleurs peuvent réagir efficacement en cas d’incendie, de blessure, de déversement de produits chimiques ou d’autres urgences.

sécurité des chantiers de construction

Avantages d’une sécurité appropriée sur les chantiers

1. Réduit les accidents et les blessures sur site

Les mesures de sécurité proactives, les EPI et la formation réduisent directement la probabilité de chutes, d’écrasements, de coupures ou d’exposition aux produits chimiques, maintenant les travailleurs en bonne santé et productifs.

2. Assure la conformité aux directives et normes européennes

Le respect de la directive-cadre 89/391/CEE et de la directive 89/656/CEE sur les EPI aide les entreprises à respecter leurs obligations légales, réduisant le risque de pénalités, d’amendes ou d’arrêts de travail.

3. Favorise une culture de la sécurité parmi tous les travailleurs

Lorsque la sécurité est intégrée dans les routines quotidiennes et renforcée par la formation, les réunions et des procédures claires, elle devient partie intégrante de la culture d’entreprise. Les travailleurs sont plus susceptibles de suivre les règles, de signaler les dangers et de se soutenir mutuellement dans les pratiques sûres.

4. Minimise les perturbations opérationnelles et les risques de responsabilité

Moins d’accidents signifie moins de temps d’arrêt, moins de réclamations d’assurance et un calendrier de projet plus fluide. Une documentation et des mesures de sécurité appropriées protègent l’entreprise des responsabilités légales en cas d’incidents.

5. Protège à la fois les travailleurs et la réputation de l’entreprise

Un bon bilan en matière de sécurité démontre le professionnalisme et la fiabilité, ce qui aide à attirer les clients, les travailleurs qualifiés et les investisseurs. Cela montre que l’entreprise valorise sa main-d’œuvre et prend ses responsabilités au sérieux.

Conclusion

La sécurité des chantiers de construction est un système holistique combinant la législation européenne, les EPI, la gestion des risques et une culture de sécurité proactive. Le respect des directives 89/391/CEE et 89/656/CEE garantit que les dangers sont gérés efficacement, que les EPI sont utilisés correctement et que les travailleurs sont pleinement protégés. La sécurité est une responsabilité fondamentale de chaque entreprise de construction, protégeant la vie humaine et le succès opérationnel.

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